La Marea roja ou comment rentabiliser l'assurance voyage...

Il y a ici, dans le sud du Chili (et dans le sud de l'Argentine), une toxine très dangereuse dans les moules: la marea roja. Malheureusement, nous l'avons découverte un peu trop tard et par nos propres moyens...

Je m'explique: lundi, nous sommes partis, tous les deux, pour un trek qui devait durer 5 jours, le long du détroit de Magelan, jusqu'au Cabo Froward, le point le plus au sud du continent américain (après ce sont des îles). Le soir, nous avons fait un feu sur la plage pour cuisiner et faire des moules braisées. Mais voilà, les moules étaient toxiques. Nous n'en savions rien, nous n'avions pas été informés du danger que cela représentait... Pierre a mangé 4 moules, moi une seule (je ne suis pas très fan des fruits de mer) et très rapidement nous avons senti que quelque chose se passait, sans trop comprendre ce que c'était exactement: au début, nous avons eu la bouche anesthesiée puis Pierre a senti des fourmis dans ses mains, puis ses pieds... Je vous passe la suite des détails...
Quand nous avons compris que ça ne passerait pas, je suis allée chercher les secours: par chance, il y avait un camps de scouts chiliens à 3min (en courant) de notre tente. Ils ont tout de suite compris ce qu'il se passait et ont très vite réagi. Les secours sont arrivés après plusieurs heures d'attentes (et encore c'était le bateau le plus rapide!) et ils ont pu sauver Pierre.
Il est maintenant tiré d'affaire. Il est sorti des soins intensifs cet après-midi et récupère bien. Dans 4 jours, il devrait être sur pieds, affaibli mais debout et en vie!!!

Vous l'aurez certainement compris: le voyage s'arrête là. Nous attendons le verdict (d'ici 48h) des médecins de l'assurance pour un rapatriment sanitaire. Nous pourrions peut-être continuer, mais Pierre est très fatigué, il préfère rentrer et ça se comprend: il a été trés secoué et s'est vu partir. Il a eu très peur...
Les bilans sont bons, il ne devrait pas avoir de séquelles, ce qui l'aide à reprendre le moral. Je crois qu'on ne peut pas comprendre ce qu'il ressent exactement, je peux donc seulement vous dire qu'il va bien...

Pour ma part, j'ai eu très très peur. J'ai bien cru que le monde s'écroulait autour de moi...
Heureusement Emilie, Karel, Virginie et ("son") Pierre m'ont soutenue et se sont occupés de moi. Pierre étant tiré d'affaire, ils ont pu reprendre leur voyage aujourd'hui. Je les en remercie énormément, surtout Emilie et Karel qui ont annulé leur bus pour rester avec moi puisque Virginie et Pierre avaient un avion à prendre. Sans eux, cela aurait été encore plus difficile... Merci encore à vous 4!

Nous avons quand même eu beaucoup de chance:
-nous étions fatigués, donc nous n'avons pas poursuivi plus loin: du coup, les scouts étaient tout près de nous;
-la marée a baissé au moment du repas: nous avons donc pu manger les moules ce soir là et pas le lendemain à 6 ou 7 heures de marche supplémentaires;
-je n'ai mangé qu'une moule: sinon, je n'aurai pas pu aller chercher les secours;
-les effets de la toxine se sont vite fait sentir: Pierre n'a donc mangé que 4 moules;
-il y avait à proximité le camps scout et un hotel qui ont pu avertir les secours rapidement;
-Pierre est fort: il a pu se battre et récupère vite;
-l'équipe du SAMU qui a pris Pierre en charge sur le bateau a été trés efficace;
-etc...

Maintenant, nous sommes célèbres: les journaux locaux et la radio parlent de nous, tout le monde comprend très vite qui je suis (à l'hotel, dans les taxis pour l'hopital, les magasins de fringues où je cherche des habits pour Pierre, les siens ayant été découpés à l'hopital...)

Et puis, cette histoire a fait réagir les autorités chiliennes: ils vont renforcer la campagne de prévention puisqu'ils ont compris qu'elle était défaillante!

Parlez-en autour de vous: il n'y a pas assez d'informations sur ce sujet, cette toxine mortelle n'existant que dans le sud du Chili et de l'Argentine...
Pour ma part, je vais en informer le Lonely Planet et le Guide du routard.

A la pêche aux moules, il n'veut plus y aller...